Communiqué de presse de l’APDH relatif à l’affaire Blé Goudé

COMMUNIQUE DE PRESSE :

DETENTION DE CHARLES BLE GOUDE : L’APDH DENONCE UNE VIOLATION DES DROITS DE L’HOMME

blé goudé_1L’actualité judiciaire en Côte d’Ivoire est meublée depuis plusieurs jours par l’arrestation et la détention de M. Charles Blé GOUDE, leader du COJEP, proche de l’ancien Président Laurent Gbagbo. Arrêté depuis son exil à Accra (Ghana) le 17 Janvier 2013 puis remis aux autorités ivoiriennes, Monsieur Blé GOUDE a comparu le 21 janvier devant un juge d’instruction du tribunal d’Abidjan-Plateau et a été inculpé des chefs de Crimes de guerre, assassinats, crimes économiques, vols en réunion, dégradation et destruction de biens d’autrui. Si à ce niveau, la procédure n’appelle aucune observation de l’APDH qui a seulement pris acte de cet état de fait, il est tout de même à dénoncer les conditions de détention de Monsieur Blé GOUDE. En effet, de sources officielles, il serait en ‘’résidence protégée’’ pour bénéficier d’une ‘’protection particulière’’. Il revient que Monsieur Blé GOUDE serait détenu depuis deux semaines dans une pièce d’un domicile privé tenu secret, et coupé de tous contacts, même avec sa famille et ses conseils. Les derniers cités n’auraient eu accès à lui qu’une heure avant la deuxième audience du 30 Janvier 2013, compromettant ainsi les chances d’établir une défense efficace. Partant de là, l’APDH estime que le souci de protection de Monsieur Blé GOUDE n’est pas incompatible avec la garantie de ses Droits procéduraux.  L’APDH tient à rappeler que le Droit de se faire assister par un Avocat, partie intégrante des Droits de la défense, est une garantie essentielle d’un procès équitable et est un droit fondamental de l’Homme, fut-il le plus criminel. Ce droit est garanti par les lois Ivoiriennes et plusieurs conventions internationales pertinentes en matière de Droits de l’Homme et auxquelles la Côte d’Ivoire est partie.

L’APDH requiert, dans  le souci de garantir l’impartialité des procédures, que Monsieur Blé GOUDE, au vu des charges suffisamment graves qui pèsent contre lui, soit mis en mesure de communiquer librement avec ses conseils afin de mieux préparer sa défense et que la procédure suive son cours normal pour que justice soit rendue. En tout état de cause, l’APDH rappelle que le contexte actuel de réconciliation nationale, de dialogue politique avec l’opposition et de relance économique, ne saurait s’accommoder de pareilles pratiques qui ne sauraient trouver justification dans un Etat de Droit. L’APDH voudrait attirer les attentions sur le fait que la répétition de ces actes à l’encontre des partisans d’une seule tendance politique est de nature à créer inutilement encore plus de frictions et desservir le tant espéré cap de la Réconciliation et de la Cohésion sociale.

L’APDH se réserve le Droit d’agir auprès des autorités, en collaboration avec les autres organisations des Droits de l’Homme afin de garantir des procédures judiciaires post crise équitables pour le triomphe de la vérité.

Fait à Abidjan, le 02 Février 2013 Pour l’ONG ‘’Actions Protection des Droits de l’Homme (APDH)’’ Mention spéciale du prix des droits de l’Homme De la République de France 2012

Le Président Eric-Aimé SEMIEN