Nous, défenseurs des droits de l’Homme des États de l’Afrique de l’Ouest regroupés au sein du Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains (ROADDH) et réunis à Grand-Bassam, Côte d’Ivoire, du 24 au 26 Novembre 2021 dans le cadre de l’atelier d’évaluation du « Programme de renforcement de la promotion et de la protection des FDDH et des DDH vulnérables en Afrique de l’Ouest », avec l’appui financier de Foundation for a Just Society (FJS) :
Notons le rôle important que jouent les défenseurs des droits humains en général et des femmes défenseurs des droits de l’Homme de l’Afrique de l’Ouest en particulier, dans la promotion et la protection des droits de l’Homme, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, la démocratie, le développement, la paix, la lutte contre les pratiques culturelles néfastes, en Afrique de l’Ouest;
Notons avec préoccupation, le rétrécissement de l’espace civique dans la sous-région ouest africaine à travers l’adoption de lois et mesures restrictives dans le cadre de la lutte anti-terroriste, la cybercriminalité, la gestion des crises sécuritaires et sanitaires, ainsi que les lois restrictives sur la liberté d’association et de réunion pacifique, sur la liberté d’expression.
Demeurons préoccupés par la montée de l’insécurité, les coups d’Etat et les modifications constitutionnelles qui fragilisent les institutions démocratiques dans la sous-région ;
Restons préoccupés, par la persistance des représailles à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme et les acteurs de la société civile, spécifiquement à cause de leur collaboration avec les mécanismes régionaux et internationaux des droits de l’Homme ;
Déplorons les violations auxquelles font face les défenseurs qui travaillent sur les droits de l’Homme et les industries extractives, le foncier et l’exploitation des ressources naturelles, la corruption, l’orientation sexuelle et l’identité de genre ; ceux travaillant en période électorale, de crises ou en périodes latentes de crises, les lanceurs d’alerte et les blogueurs, etc. de la sous-région ouest africaine ;
Restons préoccupés par la discrimination raciale, la traite des personnes, l’esclavage et l’extrémisme religieux dans certains pays de la sous-région;
Apprécions les progrès enregistrés sur le plan juridique par l’adoption de lois de protection des défenseurs des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Mali et le processus d’adoption enclenché dans plusieurs pays ouest africains dans le but de renforcer la protection des défenseurs des droits humains ; 2
Apprécions le processus d’adoption de lois de protection des défenseurs des droits de l’Homme enclenché dans les pays n’en disposant pas en impliquant les défenseurs des droits de l’Homme ;
Réaffirmons notre engagement à poursuivre les actions de promotion et de protection des droits de l’Homme; à renforcer notre réseautage ; à construire des alliances et solidarités ; à vulgariser la déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme ; à nous impliquer dans les processus d’adoption de lois de protection des défenseurs et de mise en place de mécanismes de protection des défenseurs dans la sous-région ouest-africaine ;
Réaffirmons notre engagement à mettre en oeuvre des programmes de protection et de renforcement des capacités des défenseurs des droits humains, des femmes défenseurs et défenseurs vulnérables en particulier ;
Appelons les Etats à mettre en place des mécanismes efficaces et indépendants pour l’effectivité des lois de protection des défenseurs des droits de l’Homme;
Appelons les Etats à élaborer, renforcer et mettre en oeuvre les lois de promotion et de protection des défenseurs des droits de l’Homme, incluant spécifiquement les femmes défenseurs des droits de l’Homme, en conformité avec les normes internationales, notamment la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits humains de 1998 et les Résolutions de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme en Afrique (achrp/res.376 (LX) 2017, Rés.409 ) ;
Appelons les Etats à garantir la protection des défenseurs des droits de l’Homme dans la lutte contre le terrorisme et la covid-19 en Afrique de l’Ouest ;
Appelons les Etats à mettre en place un système de plainte adapté aux femmes défenseurs des droits humains de manière à lutter contre les violations et les attaques dont elles sont victimes ;
Décidons de renforcer la présence du Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains dans tous les pays de l’Afrique de l’Ouest.
Fait à Grand-Bassam, le 26 Novembre 2021